

TAXIDERMISTE
Bruno Guichard
532 la pointe du Bile
56760 Pénestin
tél: 02 99 90 38 13
Ouest-France 8-9 décembre 2012

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Chaque animal naturalisé demande entre un et trois mois de travail à Bruno Guichard. |
Il y a encore vingt ans, une dizaine de taxidermistes officiaient dans les environs de Pénestin. « Il y en avait à Saint-Nazaire, à Vannes, à Saint-Lyphard, à Sarzeau, à côté de Lorient... », se souvient Bruno Guichard. Tous ont fermé leurs portes à l'âge de la retraite, faute de repreneurs. Résultat : le taxidermiste pénestinois est un des derniers professionnels du Morbihan.
À l'entrée de sa maison, des bêtes à poils et à plumes, aux expressions figées, accueillent les visiteurs. Il aura fallu entre un et trois mois pour les réaliser. Par étapes. « On dépouille complètement l'animal, c'est-à-dire qu'on ne garde que la peau. Elle est ensuite tannée puis enduite d'un savon pour la préserver », détaille Bruno.
Viens ensuite la reconstitution du corps de l'animal. Plus question de bourrer la peau de paille de bois comme c'était fait dans le temps (d'où le terme « empaillé »). Bruno sculpte directement la mousse de polyuréthane. « On peut faire de nombreux détails ainsi : tendons, muscles...Notre but n'est plus seulement de conserver mais de représenter le plus fidèlement les animaux », explique le taxidermiste. La peau est ensuite enfilée sur ce corps reconstitué. Ne reste plus qu'à le laisser sécher et à y apporter les derniers détails.
Un travail minutieux effectué par un passionné d'animaux, qui ne nourrit aucune fascination pour la mort. « Ce sont vraiment les animaux qui m'intéressent. Je les respecte et je passe beaucoup de temps à les observer. La mort est naturelle. Ce n'est pas morbide que de leur redonner vie », assure celui qui exerce ce métier depuis plus de 30 ans.
Trois cents animaux passent chaque année par son atelier. De la perruche à la tête de tigre. Sa clientèle est composée à 70 % de chasseurs qui lui amènent des trophées. Puis viennent les particuliers avec l'envie de faire naturaliser un animal de compagnie ou une bête retrouvée morte.
« C'est un moyen de garder un souvenir, c'est pour ça que les gens poussent ma porte. Comme on pourrait prendre une photo ou réaliser une peinture », estime-t-il. Avec un (petit) surcoût puisqu'une pièce se vend au minimum 200 €. « Certains y trouvent aussi un objet de décoration. »Quelle succession ?
Bruno ne pense pas encore à la retraite mais se pose des questions sur la reprise de son activité.« Ce serait dommage que tout ce que j'ai mis au point tombe dans l'oubli. Personne ne m'a réellement appris, il n'existe aucune école. Je me suis beaucoup documenté, j'ai travaillé dur et j'ai affiné ma technique pour obtenir des résultats satisfaisants », explique-t-il.Il pense à son fils, sans certitudes. Le métier n'attire pas forcément. Il faut être habile de ses mains, fin observateur des animaux et ne pas compter ses heures. « Si cela continue comme ça, il ne restera des taxidermistes que dans les musées. La naturalisation souffre d'une mauvaise image en France. Aux États-Unis, elle est beaucoup mieux acceptée », conclut-il. . Léa MARQUIS